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Çhtu qu’a raîjon, y est tōdze le pus costaud, Dz’va vos y fāre wā d’açhtôt. |
Celui qui a raison, c’est toujours le plus fort, Je vais vous le montrer sitôt. |
Eun chtit moton étot après bouère ieau D’eune r’vire vè l’ Crétieau. Eune grosse bēte nēre que tsārtsot à marander A çhintu l’moton tot frais. |
Un petit mouton était en train de boire l’eau D’une rivière près du Créteau. Une grosse bête noire qui cherchait à déjeuner A senti le mouton tout frais. |
« Te crās-ti don qu’te poux pitodzi dans mòn
ieau ?» Qu’alle fait, la bēte affamée, « Dz’m’en vas t’ iâtrer, Te vas pus r’començhi à sâli mon crôt ! » |
« Crois-tu donc que tu peux patauger dans mon eau ? » Dit la bête affamée, « Je vais te corriger, Tu ne recommenceras plus à souiller mon creux d’eau ! » |
« Mās, qu’ô pioune le moton, vous bvez tot à
fait llamònhaut ! Là quoî çhsu, dz’poux pas mett’ de tarre dans vot’ ieau ! » « T’la sâlis! qu’alle fait la bēte ! Miñme qu’l’an passé T’as raconté su ma pllein de çhtittés…» |
« Mais, pleure le mouton, vous buvez tout à fait en haut, Là où je suis, je ne peux pas mettre de terre dans votre eau ! » « Tu la sâlis ! dit la bête. Même que l’an passé Tu as dit sur moi plein de méchancetés… » |
«Mās dz’étos enco pas fait, dze teute enco ma mère ! » « Couje te ! Si y’est pas ta, y’est sūr to frère ! » « Mās, y’s’pout pas, qu’ô fait l’môton, dz’en ai poīnt ! » « Mettans ! de tote façon, y’est eun des tiñnes, Ta, votés tséçheux, leutés tsins Is fayant ren que de me corre après ! Çhtu cop, y s’ra pas dit que dz’ārai ren fait ! » |
« Mais je n’étais pas encore né, je tète encore ma mère! » « Tais-toi ! Si ce n’est pas toi, c’est sûrement ton frère ! » « Mais ça ne se peut pas, dit le mouton, je n’en ai pas ! » « Soit ! De toute façon, c’est un des tiens ! Toi, vos chasseurs, leurs chiens Ils ne font rien que de me courir après ! Cette fois on ne pourra pas dire que je n’aurai rien fait ! » |
Là-dssus, la bēte s’est routsi su l’ poûre chtit Apeu l’a nemmené au fin fond du bōs p’le mandzi. |
Sur ce, la bête s’est jetée sur le pauvre petit Et l’a emmené tout au fond du bois pour le manger. |